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Nana Akufo-Addo, président du Ghana : « La démocratie offre plus d’opportunités que les régimes militaires »

Nana Akufo-Addo, 80 ans, le président du Ghana, s’est rendu en France les 4 et 5 octobre à l’occasion du Sommet de la francophonie. Engagé dans une politique de rapprochement avec ses voisins francophones, son pays (anglophone), observateur depuis 2006, est devenu membre de plein droit de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) cette année.
On verra… J’ai le temps (rires). Ma priorité, c’est la transition au Ghana, et je suis certain qu’elle sera pacifique. J’espère que mon actuel vice-président, Mahamudu Bawumia, sera mon successeur. C’est un bon candidat avec de bons messages pour les Ghanéens.
L’AES déstabilise notre région, il n’y a aucun doute là-dessus. La Cedeao [Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest], qui rassemble des pays démocratiques, a perdu quatre de ses membres – la Guinée a été suspendue après le coup d’Etat de septembre 2021 mais n’a pas rejoint l’AES –, qui ont choisi de prendre une autre voie. Je ne vois pas comment cela peut les mener vers une solution positive. Le chemin de la consolidation démocratique offre beaucoup plus d’opportunités, à la fois pour la stabilité de leur nation et pour leur développement économique.
On doit continuer à dialoguer. Des ponts existent. Il y a des contacts de personne à personne. Nous devons poursuivre ces efforts. Nous ne pouvons pas abandonner.
Nous sommes toujours inquiets, comme vous pouvez l’être à Paris, que des terroristes planifient des attaques. La solution passe par un travail en commun avec le Burkina Faso. Nous n’avons pas le choix, c’est notre voisin.
C’est inacceptable. Nous continuons de condamner son emprisonnement. Je le rappelle : un président élu démocratiquement traité de cette façon par des militaires est inacceptable ! Nous continuons de nous mobiliser pour sa libération.
Oui, c’est inévitable. La France est l’acteur principal de cette organisation. Mais nous avons des liens déjà très étroits, que nous continuons de développer. La France et l’Union européenne sont des alliés importants du Ghana. Nous cherchons à faire du Ghana un pays officiellement bilingue, en rendant obligatoire l’apprentissage du français dans nos écoles. C’est pour nous primordial car si vous vivez à Accra, vous n’avez pas à voyager longtemps pour vous retrouver à Lomé, en zone franc CFA. Si vous vivez à Tamale, vous n’êtes pas loin de Ouagadougou. Même chose du côté de la frontière ivoirienne avec Abidjan. L’avenir de l’Afrique passe par l’intégration économique régionale.
J’espère que le Ghana a créé un précédent. Déjà parce que nous avons négocié en un temps record. Ensuite, en raison de l’étendue de l’allègement de notre dette. Cette décision vient aussi récompenser les sacrifices que les Ghanéens ont consenti à faire. Ces deux dernières années n’ont pas été faciles pour eux. Mais c’est la raison pour laquelle les retombées sont si élevées ; nous parlons d’une réduction de la dette commerciale de 37 %. Notre dette représentait 74 % de notre PIB, elle est maintenant de 64 %. Et nous devrions atteindre les 55 % en 2028.
C’est très clair. Il doit y avoir une refonte du système de taxation internationale. Les rapports économiques entre les pays africains et les organisations multilatérales doivent être plus équilibrés. Cela fait des années que nous le demandons. Cela aurait dû être fait depuis longtemps.
Parce que les grandes puissances ne le veulent pas. Mais nous devons continuer de nous battre car rien ne vous est donné sur un plateau d’argent.
Ils le doivent. C’est important pour l’avenir du continent. Nous soutenons entièrement les présidents Emmanuel Macron et William Ruto.
Noé Hochet-Bodin
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